TRIBUNE

LGBTI dans le sport : pour une loi plus inclusive

Alors que la proposition de loi «démocratiser le sport en France» est examinée ce mercredi à l’Assemblée nationale, des associations et des personnalités publiques appellent à adopter des dispositions législatives de lutte contre les discriminations envers les lesbiennes, les gays, les bis, les personnes trans et intersexes.

publié le 15 mars 2021 à 17h03
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Madame la Ministre,

La proposition de loi «démocratiser le sport en France», débattue à partir de mercredi en séance à l’Assemblée nationale, constitue la dernière occasion du quinquennat pour adopter des dispositions législatives contre les LGBTIphobies dans le sport. Et nous sommes aujourd’hui très inquiets : toutes les propositions des député·e·s en ce sens ont été systématiquement rejetées avant même l’examen du texte en séance.

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Nous sommes très inquiets car les LGBTIphobies tuent. Car le sport reste un univers dans lequel les personnes LGBTI sont encore plus durement discriminées, dénigrées, injuriées, moquées, rejetées, parfois jusqu’à en mourir. «Démocratiser le sport», prétendre le rendre plus inclusif, et refuser «en même temps» la moindre disposition pour le rendre moins excluant et plus accueillant pour les lesbiennes, les gays, les bis, les personnes transgenres et intersexes ? Notre société a sans doute besoin d’un projet et d’un idéal sportif plus ambitieux et plus juste.

Madame la Ministre, vous serez invitée en séance à vous prononcer sur des propositions d’amendements qui, s’ils sont adoptés, constitueraient un signal fort et très attendu dans la lutte contre les LGBTIphobies dans le sport. L’une de ces dispositions nous semble particulièrement simple : elle consisterait à «corriger» un oubli du code du sport, en mentionnant explicitement les LGBTIphobies, de la même manière qu’il mentionne explicitement le racisme et la xénophobie. Cette simple harmonisation des «codes», préconisée par un rapport du ministère des Sports lui-même depuis 2013, aurait un poids symbolique considérable.

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Nous ne verrions pas d’inconvénient à ce que, chemin faisant, vous décidiez d’aller plus loin en donnant des avis favorables à d’autres propositions portées par des députés issus de diverses familles politiques… Nous pensons à l’obligation pour les fédérations sportives de mettre enfin et réellement en œuvre des actions de lutte contre les discriminations si elles veulent se voir confier la délégation de service public du Ministère des Sports. Nous pensons à la désignation d’un référent discrimination au sein des fédérations sportives pour assurer le pilotage de ces actions. Nous pensons enfin, en cas de comportements ou propos LGBTIphobes dans le cadre sportif, à la mise en place de sanctions pédagogiques, alternatives à l’exclusion d’un joueur ou à l’interdiction de stade d’un spectateur, sous la forme d’un stage de sensibilisation à la lutte contre les discriminations.

Madame la Ministre, en 1998, lors des Championnats du monde de natation à Perth (Australie), vous remportiez une médaille d’or et faisiez la fierté de notre pays. Vous croisiez alors la route d’un jeune nageur australien d’à peine 15 ans qui marqua les esprits en remportant deux titres de champion du monde. Ian Thorpe, car il s’agit de lui, cachera son homosexualité tout au long de sa carrière. Il confiera avoir dû surmonter pendant tout ce temps de terribles dépressions et envies suicidaires. Nous sommes convaincus, vous autant que nous, qu’il faut que ces souffrances cessent, qu’il est urgent d’agir.

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Nous comptons sur vous.

Signataires : Collectif Rouge direct ; Stop homophobie ; Asso Mousse ; Bi’Cause ; Bleus & Fiers ; Club des supporters LGBT de l’équipe de France de football ; Caroline Mécary, avocate au Barreau de Paris, membre du Ravad ; Etienne Deshoulières, avocat au Barreau de Paris ; Hervé Gastaud, coprésident des Progressistes LGBTI + &EM ; Génération·s LGBTI+ ; collectif Fier·e·s et Révolutionnaires-PCF LGBTI+ ; Droits nouveaux & LGBTI LFI ; collectif LGBT En marche (Progressistes LBGTI + &EM) ; Frédérick Getton, président de Centr’égaux-Centristes et Démocrates LGBT+, HES LGBTI+.