VIDEO. Haro sur les affiches de prévention du sida

A Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, le maire (LR) a pris un arrêté pour interdire une campagne mettant en scène des couples d'hommes. Les habitants sont divisés.

    « Interdire ces affiches, c'est interdire la prévention contre le sida... » Hier matin, sous une aubette, route de Mitry, à Aulnay-sous-Bois, Fatoumata, 18 ans, attend le bus, adossée à une affiche montrant deux hommes enlacés, barrée du slogan : « Avec un ami, avec un amant, avec un inconnu. Les situations varient, les modes de protection aussi. » Déployée par le ministère de la Santé, l'affiche renvoie vers le site Sexosafe.fr, informant sur les modes de protection et de dépistage. L'étudiante ne comprend pas pourquoi Bruno Beschizza, le maire (LR), a pris un arrêté pour interdire cette campagne.

    Motif invoqué par l'édile : la « protection des enfants ». Il a été suivi par plusieurs élus de droite, tandis que Marisol Touraine, ministre de la Santé, a tweeté : « Pour la santé publique et contre l'homophobie, je saisis la justice après la censure par certains maires de la compagne de prévention du VIH. » La préfecture de Seine-Saint-Denis a d'ores et déjà introduit un recours devant le tribunal administratif.

    Homophobie ?

    « L'information, c'est la lutte contre le sida. Qu'on mette en scène deux hommes, quelle importance cela a, à côté des dégâts de la maladie ? » s'interroge Fatoumata. Eliane, 61 ans, ajoute : « Occulter le message antisida, ce n'est pas une bonne idée, surtout en appuyant cette interdiction sur les enfants, car il faut prendre conscience le plus tôt possible de l'existence de la maladie ! » D'autres approuvent la décision : « Pour parler d'amour, on montre deux hommes. C'est devenu ça, la norme ? Il aurait fallu se limiter au message de prévention », s'insurge Jean-Claude, 38 ans.

    La décision de Bruno Beschizza agace ses adversaires politiques. Daniel Goldberg, député PS, estime qu'une « affiche d'une femme embrassant un homme n'aurait pas déclenché cet arrêté », voyant là de « l'homophobie ». Le parlementaire évoque aussi un lien avec le succès de François Fillon, jugé « conservateur », au 1er  tour de la primaire de droite, auquel Beschizza a adressé son soutien.

    Pour le maire d'Aulnay, « aucune homophobie ou puritanisme » dans sa décision : « Je suis très favorable à l'éducation sexuelle au collège, au lycée. Mais une telle affiche, qui promeut les aventures d'un soir (NDLR : les affiches évoquent notamment une sexualité pour la vie, pour un week-end, pour une fois), n'a rien à faire devant les écoles. »

    Une argumentation qui fait bondir l'association Aides. « Il est naïf ou hypocrite de croire qu'il existe seulement une sexualité liée à l'amour. Mettre des hommes sur l'affiche, c'est coller à la réalité de l'épidémie : les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ont 200 fois plus de risques d'attraper le sida », explique Aurélien Beaucamp, le président.

    VIDEO. Prévention contre le Sida : ces affiches qui crispent le maire d'Aulnay

    Des villes de droite très remontées